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Nous sommes maintenant en 1921/1922 et pour la première fois, quelle audace !, le costume marin est proposé en deux versions. Il faut en effet préciser en passant commande " modèle fillette " ou....." modèle garçonnet " :
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Car ce petit ensemble toujours dit " MARIN " est réalisé soit classique à jupe plissée( toujours le pli plat devant ), soit avec la même vareuse mais portée sur un délicieux pantalon à revers. Il est ( ils sont ) proposé en nubienne marine, en coutil blanc ou, autre nouveauté, en jersey bleu ou vert. Pour le seul catalogue de cet hiver là donc....8 costumes marins, quatre possibilités de choix en deux versions différentes.
Bizarrement d'ailleurs,( voir l'illustration ci-dessus) la petite Bleuette de droite semble très intriguée par le chapeau tenu dans le dos par celle de gauche : ne dirait-on pas un béret à...pompon ?
Eté 1922, nouvelle proposition: en coutil rayé bleu et blanc ce qui porte le choix à 7 !
L'hiver suivant, 1922/1923, cette dernière version disparaît ainsi que la version nubienne mais on voit très nettement que le béret du " Garçonnet " est différent du béret " Fillette ", mais sans pompon. ( Ces précisions sont utiles pour dater à coup sûr un vêtement ou reconnaître des copies plus ou moins serviles. ). Seul le jersey en deux tons est maintenu dans les deux versions ce qui nous ramène à 6 propositions tout de même ! C'est incroyable !
Et ce n'est pas fini !
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L'été 1923, c'est de nouveau l'abondance : 4 versions pour le " Fillette " ( en serge, en jersey, en coutil blanc ou coutil rayé ) et 3 pour le " Garçonnet " ( serge bleu, jersey vert, coutil blanc; Il semble bien n'avoir jamais existé en coutil rayé ). Remarque : Bleuette est à 10 fr, le costume garçonnet à 8,45 fr.....
L'hiver 1923/1924, si le gentil " Garçonnet " en serge bleue ou jersey vert, avec son béret spécifique et son col blanc est toujours d'actualité, apparaît un tout nouveau modèle " Fillette " : jupe bleu marine entièrement plissée- toujours le pli plat devant -, vareuse rouge et charmant béret bien emboitant.....à pompon cette fois ! Son coût 8,90 fr ( Bleuette est toujours à 10 fr ). Certes la nouveauté , nous le savons, se paie, mais les deux autres versions antérieures sont encore là au même prix en serge bleue et jersey vert....
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Au printemps été 1924, seul le modèle garçonnet est présenté, dessiné en blanc, ravissant. Proposé aussi en serge bleue à col blanc ou en coutil blanc à col bleu marine, une suggestion est apportée : " Pour le marin, " Fillette " ou " Garçonnet ", un Jean Bart de paille avec ruban, nom gravé or est fourni pour 3 fr. " La paille est teinte naturelle et le ruban de soie noire. (J'en ai personnelement vu plusieurs marqués " Verdun " , souvenir encore très présent de la guerre ).
Ce qui , cette fois, met l'ensemble à 11,70 fr ou 11 fr selon la coiffure chosie c'est- à-dire, plus cher que Bleuette !
Mais en hiver 1924/1925, une seule version est reprise, celle de l'hiver précédent : l'ensemble fillette à jupe plissée bleu marine, vareuse rouge, col bleu assorti à la jupe et béret à " gros " pompon.
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Et l'été 1925 confirme la disparition progressive de la version garçonnet pourtant si seyante. Le costume marin toujours aussi joliment dessiné est proposé entièrement en serge bleue, en serge bleue à vareuse rouge, en coutil blanc à col bleu. Le béret, lui a de nouveau perdu son pompon pour l'été mais nous le reverrons.....
L'hiver 1925/1926, nous le retrouvons tel que décrit précédemment cette fois avec le même béret mais...rouge, bordé d'un galon bleu-marine gravé or. Toutefois le costume de garçonnet est mentionné, pour la dernière fois et seulement en serge bleue. Il doit rester quelques pièces en stock ! Il disparaît dailleurs définitivement Eté 1926 pour laisser la place au " Fillette " dans ses trois versions classiques: serge tout bleu, jupe bleu-marine + vareuse rouge, coutil blanc à col bleu. Toujours le petit béret très emboitant sans pompon....
Et c'est dans ce même catalogue qu'apparaît pour la première fois ce qu'on peut appeler le slogan de ce petit vêtement :
Et puis à partir de 1926/1927 et jusqu' à l'été 1928, toujours présent, il reste inchangé, sortant en bleu et rouge, l'hiver, avec béret à pompon ( cela doit tenir chaud ! ? ...), et encore le même en été, ( sans pompon ) plus celui en coutil blanc à col blanc ou à col bleu.
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Mais ce même été 1928, une nouveauté : le même marin mais en lainage bleu-curieux pour la saison -, et vareuse rouge à 13 fr assorti d'un autre slogan :
" MARIN est le bon petit costume classique pour la promenade, pour la classe, pour les jours sans cérémonie "
Et Bleuette en profite pour faire un bond : 18 fr avec perruque en cheveux artificiels, 21 fr en cheveux naturels, prix auxquel il faut ajouter l'envoi pour la France: 5 fr, soit une augmentation de 30 % en un an et demi. Nous sommes au bord du crash de 1929 et Bleuette s'agite.
Ce vêtement marin de lainage reste le seul proposé durant l'hiver 1929/1930. Et le pompon du béret ne semble pas être un coquetterie d'été ou d'hiver finalement. Sa présence ou non doit dépendre des arrivages de confection. Pour autant, lorsqu'il n'est pas présent, le prix ne baisse pas.....2 fr de mieux cette année là
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" Le sobre et classique costume toujours à la mode " Ces slogans sont intéressants car ils montrent bien, par leur actualisation, que les catalogues ne sont pas reconduits d'année en année avec un ou deux ou trois petits modèles différents de vêtements ou de robe. Ils sont vraiment repris très régulièrement année après année.
Mais l'été 1932, le ruban du béret a été actualisé : on peut y lire " Costes " très clairement ( allusion aux exploits de l'aviateur, Dieudonné Costes qui fit le tour du monde pour la première fois en avion en 1928/1929, détint avec Bellonte le record du monde de distance en ligne droite- 7905 km en 1929 et réussit la première liaison sans escale Paris-New York en 1930 ! )
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Et l'hiver 1932/1933, Ah ! réapparition signalée cette fois du .... Pompon !
Inchangé donc à de petits détails près qui permettent aux collectionneuses de dater les uns et les autres pendant ces sept années apparemment sans nouveautés essentielles.Mais c'est bien sûr, pour mieux rebondir !
L'hiver 1933/1934 voit la sortie du marin dit " Marin rénové "au goût du jour, Vareuse rouge à col bleu-marine garni de galons blancs, jupe plissée bleu-marine montée par dessus, garnies de boutons de nacre. Et deux coiffures au choix : soit le béret simple déjà vu ( 2,50 fr ), soit le béret de chapelier de forme américaine avec ancre de métal doré ( 5,50 fr ). Et voilà le petit Marin reparti pour une longue carrière !
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Ce " Marin " rénové sort donc en hiver et sera désormais repris longtemps, en hiver tel que vous le voyez sur les photos, en été, soit dans cette même version, soit en coutil blanc. Dans le premier cas, toujours les deux coiffures aux choix, en rouge; dans le second, les deux mêmes coiffures mais en blanc. A noter aussi que pour ce dernier ensemble d'été, les manches seront désormais toujours courtes, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors pour ce vêtement même à la belle saison. On admet donc que les petites filles peuvent porter un.... pantalon ( ! ) et montrer leurs bras en été ( ! ) ......
Que de progrès sans avoir l'air d' y toucher.... mais en lisant bien...... grâce à Bleuette.
Depuis l'hiver précédent, la présentation des vêtements change, plus de petit slogan, juste une description brève mais concise. Seule fantaisie notable de la dessinatrice Manon Iessel, page 4 du catalogue de l'Eté 1935, la découpe du revers des manches, courtes donc, et la disposition des galons sur celles-ci. Cela n'a jamais été le cas sauf surprise que les recherches pourraient encore nous réserver mais j'en doute.
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Et puis, dans le catalogue Eté 1937, une vraie nouveauté: à côté du Marin qui nous occupe, à vrai dire toujours identique à lui-même, hyper classique donc, page 4 du catalogue, une bien belle nouvelle tenue : " Croisière ", ensemble composé d'un long pantalon de flanelle blanche très fine, d'un maillot rayé bleu et blanc, d'une jaquette ( et non plus d'une vareuse ) bleue à boutons d' ancre marine, le tout coiffé d'une casquette " d'eOfficier de marine ", le tout vendu ensemble 18,75 fr, ou séparément d' ailleurs. Ces quatre pièces ne sont donc pas des inséparables.
Nota Bene : il est d'ailleurs amusant de noter que ce qui est décrit ici comme une jaquette sera appelé....vareuse l'été suivant, l'habitude est prise..., ce qui a levé mes hésitations à faire figurer ce joli vêtement parmi les " Marin ".
C'est d'ailleurs une tenue estivale qui n'est pas proposé dans le catalogue de l'hiver suivant mais qui retrouve sa place en Eté 1938. Il coûte 21 fr à peu près autant que l'un ou l'autre des versions classiques du Marin.
Rien à noter en hiver 1938/1939, l'un et l' autre toujours présents, sans changements, seuls les pris chagent à la hausse bien sûr de 10%. Dans ce dernier grand catalogue d'avant guerre, superbe, plus de 10 pages !, aux coloris éclatants, l'accent est d'ailleurs mis sur les vêtements dété du bord de mer : Croisière donc, Marin, Les Flots, Petit Crâbe, Triton, Sable Fin, un Pliant transatlantique couvrent deux pages de celui-ci.
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Le rare petit catalogue du premier hiver de guerre ( 1940/1941 ) mentionne le petit marin classique, encore en sotck, pour un prix légèrement supérieur. Mais dans celui rare zussi de l'Eté 1941, tous les vêtements de mer sont encore présents.
Et l'hiver 1941/1942, seul le marin classique est encore là
Que nous retrouvons inchangé dans le 1er catalogue d'après guerre (1949-1950),
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Et au Printemps 1950, il reparaît en deux versions: toujours trois pièces en " beau madapolam blanc " ou....rayé bleu. Cela rappelle le début des années 1920. Mais son prix baisse bien , 270 fr ! La casquette était-elle ou non comprise ? Ce n'est pas précisé. Ce doit être la raison parce que l'hiver 1950/1951, le Marin complet vaut ( c'est précisé 477 fr,) c'est-à-dire, 67 fr de plus que l'année précédente et celui de l'été suivant, en 1951, coûte lui 384 fr donc moins cher que le modèle d'hiver, certes, mais sensiblement plus cher que celui de l'été précédent ( la casquette ne devait pas être prise en compte ).
En tout cas, cet été là, Croisière a disparu. Mais l'été suivant, 1952, il est proposé en coutil ou en piqué avec toujours la jupe plissée bien sûr, le col bleu garni de galons blancs et un béret ; ce n'est plus la casquette d'officier de marine, un simple béret, dans le même tissu que l'ensemble, bordé d'un ruban bleu assorti au col et porté très en arrière,dégageant bien le visage.
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Les trois pièces : 485 fr ". |
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La traversée fut longue mais voici nos poupées arrivées maintenant et depuis déjà quelques années aux U.S.A. où elles ont pu et su prendre pied pour le plus grand bonheur de collectionneuses attentives et passionnées !
SN.B.: Après la guerre, le Japon se modernisant et copiant tout ce qui venait d'Occident, bizarrement ce sont les jeunes filles qui d'abord cessèrent de porter le kimono traditionnel, et s'habillèrent à la mode européenne, c'est à dire, en costume marin ( sailor suit ), très en vogue en Europe à ce moment là. Depuis cette époque, ce charmant costume va rester profondément attaché à l'image des jeunes étudiantes japonaises jusqu'à aujourd'hui même.
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