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" Les feux de la rampe ". |
Dans les catalogues de Jouets des Grands Magasins, entre les deux guerres, il est souvent fait état de «Jouets fabriqués par les Mutilés » Sur ce sujet, nous vous proposons un très large extrait d'un article de M.Edmond POTTIER, paru dans le rare bulletin édité en 1916 par " l'Art Français Moderne " : |
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C'est une fête pour les yeux que ces ensembles où la vie intime de l'enfance est présentée sous un aspect de gaîté et saine élégance. Et nous ne devons pas oublier ici la portée sociale et morale de l'oeuvre. Derrière ces jouets pimpants, derrières ces gracieuses images d'enfance heureuse et folâtre, nous savons ce qu'il y a : |
Des âmes courageuses et charitables se sont émues ; elles ont créé cet atelier que l'Union Centrale a pris sous sa protection, elles ont pourvu à la rééducation de tous ces malheureux, elles en ont fait des artistes, d'habiles décorateurs, sous la conduite des excellents maîtres que nous avons nommés. Comment ne pas être touché par cette belle et généreuse initiative ? Comment ne pas admirer les résultats inespérés qui lui sont dus ?.... Achetons don ces jouets fabriqués par les mains de blessés français, en pensant que ce sont des mains qui ont manié le fusil ou tiré le canon de la Marne, de l'Yser, de Champagne, de la Somme et de Verdun. Une sorte de filiale de cette émouvante institution a trouvé place dans une salle voisine. Ce sont les jouets arabes en bois découpé et peint, exécutés par les Ateliers de Mutilés de la ville d'Alger, sous la direction de M. Herzig. Les silhouettes en sont heureuses, les couleurs amusantes, et donnent une impression exacte des réalités pittoresques dont la région africaine est si riche. » |
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Cette impulsion au profit des grands invalides de l'époque fut suffisamment forte et porteuse d'espoir pour que nous retrouvions, au fil des différents catalogues d'étrennes des Grands Magasins, de nombreux jouets de ce même atelier, et ce jusqu'après 1935. |
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Tout le personnel est composé de mutilés de la guerre. Les ouvriers sont estropiés, amputés d'un bras, d'une jambe, d'une main. Circulant dans les ateliers appuyé sur deux béquilles, Monsieur Matthieussent, blessé à Saint Mihiel en septembre 1914, dirige ces hommes qui sont organisés en coopérative. Dans un coquet réfectoire, on leur sert pour 2fr,25 un repas composé de : hors-d'oeuvre, viande, légumes, dessert, un quart de vin, café, pain à discrétion. Ils auront bientôt des bains et une bibliothèque. C'est un modèle d'installation. Ils sont payés 1 fr75 par heure. Voilà le système qui est d'apprendre aux mutilés un métier, de les organiser industriellement et non de les laisser compter sur la charité d'une pension qui sera forcément insuffisante.
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Tout est fait sur place. Les arbres arrivent.... en troncs bruts, et le premier travail est de débiter en planches le bois en grume. Une machine spéciale saisit les tiges rectangulaires qu'a découpées la scie à fraise et les restitue en forme de baguettes rondes de tous les calibres qu'on désire.... Le bois étant prêt, poli, les pièces sont assemblées. Le jouet terminé est alors décoré et peint soit à la main, soit à l'aérographe électrique. Que sort-il de ces ateliers multiples où l'ont voit des crochets de nickel remplacer des mains et des bras; où le tourneur était avant la guerre garçon de café, et ce décorateur, cocher de fiacre ? |
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![]() confectionnés "à l'arrière" en 14/18 Remerciements,
(1)Nous remercions de ces rares informations Robert Alazet, fin connaisseur de l'armée impériale et des moindres détails des armements et uniformes militaires. (2)Nous remercions aussi très chaleureusement Anne-Marie Porot quoi nous a permis de compléter avec beaucoup de minutie l'étude de cet Atelier des Mutilés que nous sommes très heureux de vous faire découvrir ou redécouvrir.
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