Dos de la Poupée montrant le levier

elle n'a pas les yeux dormeurs au sens exact du mot mais des yeux "mobiles, ouverts-fermés/ haut-bas", que l'on actionne à volonté grâce à un petit levier situé dans le dos du corps. Le tout absolument d'origine. Encore que la tentation soit forte de l'appeler " Bleuette-Mystère " , ce n'est absolument pas une poupée diffusée par Gautier-Languereau. A l'origine cette tête a été très probablement acquise sans les yeux, puis équipée du mécanisme spécifique de son inventeur, Le Bos d'Espinoy..Quand ? Celui-ci déposa ce brevet en 1923 et commercialisa cette poupée sous le nom de 'Poupée-Mystère". Mais aurait-elle pu être proposée comme une "Bleuette" ? Ce n'est pas impossible, mais dans de petites boutiques par exemple, cette poupée étant déjà très recherchée. C'est justement d'ailleurs pour mettre fin à ce type de confusions déloyales que le nom " Bleuette " a finalement été déposé en 1933, mais en 1933 seulement, c'est-à-dire tardivement ( Bécassine, elle, avait été déposée dès 1918 pour des raisons analogues. )

Résumons nous: la dimension de cette poupée "29 cm" ne correspond pas à celle des "Bleuette" ayant le même moule mais qui mesuraient dans ce cas 27 cm ; ce type de mécanisme n'a bien sûr jamais été monté pour Gautier-Languereau qui sortit la sienne véritablement dormeuse ( mécanisme réellement "articulé" et doté de cils) à partir de 1919.

 

 

 

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Ce n'est donc pas une Bleuette mais une ravissante enfant que nous aimerions tous avoir c'est sûr ! Merci à un aimable couple de collectionneurs français de nous avoir permis de partager sa curiosité et à Madame Porot d'avoir contribué à cette minutieuse étude, levant ainsi définitivement l'ambiguïté.

 

Hélène BUGAT-PUJOL

Tous droits de reproduction (texte et photos
même partielle, rigoureusement réservés

 

 

 

 

 

 

 

 

Une trés jolie pièce rare

 

 

 

 

 

 

et fort peu connue !!!

Plusieurs personnages très caractérisés font preuve d'une longévité exceptionnelle dans notre imaginaire: le Père Noël, le Père Fouettard, d'Artagnan, Mickey, Blanche Neige, Pinocchio, Charlot y sont ancrés pour toujours.

Bécassine aussi. Elle fait partie de ces héros connus de tous, traversant les frontières et aussi le miroir de nos cultures pour n'en jamais sortir. C'est l'une des rares héroïnes féminines vraiment célèbres et aussi l'une des plus attachantes avec Charlot. Êtres simples l'un et l'autre, naïfs, plein d'une bonne volonté désarmante et désopilante, on ne peut que s'émerveiller à la lecture ou la vision de leurs aventures.

Mais de nombreux albums ont été consacrés dès 1913 à cette délicieuse petite provinciale au charme surranné, retraçant une fresque souvent satyrique, à la fois parisienne et française des us et coutumes de notre pays.

Bécassine a donné lieu à de très nombreuses créations ludiques pour enfants, les plus connues étant les livres classiques et les non moins classiques et si connues poupées de Reine Degrais.

Il en est d'autres, superbes, beaucoup moins connues, beaucoup plus rares aussi.

Après vous avoir présenté la Bécassine Casseuse d'Assiettes, je vous propose de découvrir en détail la

" Bécassine A.Bücherer".

 

QUI ÉTAIT A. BÜCHERER ?

 

Un créateur à tout le moins très innovant, d'origine suisse, installé à Amriswil. Dès les années 1920, il mit au point un corps tout à fait exceptionnel, entièrement métallique, à boules, totalement articulé et extraordinairement flexible ce qui permet de donner à ces créatures toutes les positions souhaitées. Le brevet de cette invention semble avoir été déposé à la fois en Grande Bretagne et en Allemagne et fut exploité par sa firme pendant une période d'au moins dix ans mais surement plus. Bücherer avait un représentant à Londres, Henry Barnett qui commercialisait ces poupées d'ailleurs connues des Britanniques. ( Cf Coleman ). Nous sont parvenus de lui plusieurs types de jouets , -bicycles et tricycles-, de personnages, -chauffeur ou policier-, des poupées régionales, des comiques Mutt et Jeff, Charlot, et donc Bécassine. Celle-ci fut même l'objet d'une des premières questions que m'avait posée il y a une dizaine d'années Madame Olivia Bristol de la Maison Londonienne Christie's:

" Vous n'avez pas la Bücherer ?"

Mutt et Jeff

 

A l'occasion de la dernière Convention de l'U.F.D.C. à la Nouvelle Orléans, dans le cadre de l'exposition " Everything except bisque " ( by Dinner, Dolls & Toys, N.Smith ), j'ai d'ailleurs eu le plaisir de découvrir de nombreuses figurines - plus d'une vingtaine-Bécassine en faisait partie.

Une vraie performance, ces charmantes petits sujets n'étant pas ou peu connus.

 

*

 

LA BÉCASSINE BÜCHERER

Connue donc en Grande Bretagne, connue aussi aux États-Unis, elle est paradoxalement totalement inconnue en France !

Il est vrai que Bécassine ayant été déposée comme marque au Tribunal de Commerce de Paris dès 1910 (et non- comme je l'ai longtemps cru en 1918 - en raison d'un tampon mal appliqué, Voir ci-contre ), sa non-importation en France évitait le paiement de droits et taxes divers à son auteur.

A propos de ce brevet, notez que ce dépôt est de Messieurs Gautier & Languereau pour Bécassine. Leur association ne deviendra effective pour l'ensemble des Editions de la Semaine de Suzette et ses dérivés qu'en 1917.

 

*

 

 

 

Voyons d'abord sa dimension.

Après consultation de plusieurs ouvrages évoquant, brièvement hélas ! ce très charmant jouet, et après avoir très soigneusement mesuré celle ici présentée, il apparaît qu'elle mesure définitivement 19,5 cm , c'est-à-dire 7 3/4 ".

Mais il a existé deux dimensions des figurines A.Bücherer:

- 16,5 cm ou 6 1/2 inc

- et 19,5 cm ou 7 3/4 inc, taille de la Bécassine.

De cette dernière, il n'y en eut qu'une seule. J'ai d'ailleurs remarqué que les personnages présentés à la Nouvelle-
Orléans étaient tous de cette même hauteur.

L'ensemble du corps, tout à fait étonnant, permet de lui donner les poses les plus variées, les plus drôles, de l'asseoir ou de la faire tenir debout sans aucune difficulté. Les bras et jambes peuvent prendre toutes les positions, même les plus insolites, comme faire un pied de nez !
Les attributs, savoir la tête, les mains et les pieds sont en composition, très esthétiquement réalisés. L'expression du visage reflète une vivacité peu commune. Les mains sont belles et longues, racées dirions nous, les pieds bien proportionnés et chaussés de fines bottines noires moulées dans la masse.
Sur l'estomac, bien gravé dans le métal, figure sa marque d'origine, sans ambiguïté possible.
Notez bien que c'est une Bécassine à bouche, comme toutes les très anciennes Bécassine, au très charmant sourire.

Détail articulation des poignets

Articulation des genoux

Références sur l'estomac

Articulations hanches, genoux et poignets

 

Le vêtement est en tout point conforme, tant par le patron que par les coloris, à celui dessiné par Joseph Porphyre Pinchon, créateur de cette petite héroïne: Robe verte à roue noire, plastron rouge. Ici la réalisaqtion est en feutre.

Sur le dos du bas de la jupe, derrière, figure une étiquette de tissu cousue à la machine- donc mise en place d'origine-, attestant de son lieu de fabrication la Suisse, et de sa destination à l'exportation pour Kimport.*

Tablier et gimpe sont en coton blanc. La coiffe, elle, fait partie intégrante de la tête. Elle est moulée très joliment autour du visage.

* Information supplémentaire apportée par Madame Agnes SURA :
Kimport était une affaire de famille qui a vendu des poupées importées et des poupées d'artistes américaines de 1920 jusqu'à 1960. Ils éditaient un petit magazine trimestriel qui donnait des informations sur les poupées et montrait celles qu'ils avaient en vente.

 

Nous retrouvons sur elle exactement les caractéristiques de la Bécassine d'origine.

Il m'est arrivé de voir une figurine lui ressemblant assez mais avec un vêtement de feutre beige avec jupe rayée, lequel, cependant, ne paraissait pas avoir été refait.

Je pense qu'il s'agissait d'une " espèce voisine " pour employer le terme de nos livres de biologie Boulet & Aubry, mais en aucun cas de Bécassine, cette dernière ne pouvant être confondue avec des silhouettes bretonnes proches, les coloris de sa tenue faisant d'elle se qu'elle est... : Bécassine !

 

Pour terminer et vous donner une idée plus précise sur les articulations, j'emprunte un sujet cycliste de Bücherer au site du "Toy Museum Angela Prader Davos"
< http://www.spielzeugmuseum-davos.ch/09_newsletter_en.html >
Par ailleurs ,voyez ci-dessous la jonction du métal et de la garniture en composition,
du pied en l'occurence.

Hélène BUGAT-PUJOL

 

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